Qui est-ce qui montera à
la montagne de l'Eternel, et qui est-ce qui demeurera au lieu de sa sainteté?
C'est l'homme qui a les mains innocentes et le coeur pur. Ps.24:3-4
Nous avons parlé de l'église intérieure
de Dieu sur la terre, de l'église de l'Antéchrist et de l'idolâtrie
de la chair et du monde; nous avons dit aussi comment les hommes se trouvent
exposés à une erreur funeste, non seulement lorsqu'ils sont
déjà tout à fait égarés spirituellement;
non seulement lorsqu'ils suivent la lumière mensongère de
la raison, et ne s'attachent qu'aux choses extérieures, se croyant
devenus spirituels, parce que leur mémoire est remplie de mots qui
expriment les objets de l'esprit; mais comment ceux-là même
qui, ayant déjà réellement vu la vraie lumière,
et s'étant écartés du chemin de la vérité,
tombent et s'enfoncent d'autant plus profondément dans les ténèbres.
1- Disons maintenant quels sont les signes auxquels on
distingue la vraie église de Dieu, et les vrais membres de celui
qui en est le chef et le maître, c'est-à-dire les vrais chrétiens.
Partout où Jésus-christ n'est point la pierre
angulaire, le fondement et le but, le premier et le dernier, le commencement
et la fin de tout l'édifice; partout où l'on ne cherche pas
avant tout le Royaume de Dieu et sa justice; là où avec Saint
Paul on n'estime pas tout comme rien pour l'amour de Jésus-Christ
(Philippiens 3:8); là où l'esprit du crucifié, du
chef, du maître de l'église ne vivifie pas tout; si ce n'est
pas lui qui commence, qui continue et qui achève : là n'est
point la vraie église de Dieu.
2 - Mais quels sont donc les signes distinctifs de ces
vrais membres, c'est-à-dire des vrais chrétiens? Est-ce la
foi ? - Mais les démons croient aussi, et ils tremblent.
La force de la prière ? Mais si j'ai toute la foi,
au point que je transporte les montagnes, je puis n'exister encore dans
la vérité, et n'être rien à ses yeux.
Sera-ce le jeune, l'abstinence, les mortifications ? Il
est vrai que leur observation est indispensablement nécessaire au
chrétien; mais les superstitieux et les hypocrites peuvent également
les observer, et les agents les plus corrompus du règne des ténèbres
s'en servent précisément comme d'un moyen pour produire leurs
opérations infernales.
Serait-ce la connaissance et l'intelligence des mystères
? - Mais qu'est-ce que l'oeil qui regarde les prodiges, et à qui
la chute d'un fétu peut faire perdre la vue ?
Sont-ce les visions ? - Mais elles peuvent être
trompeuses; et, quand elles seraient vraies, qu'est-ce qu'un aveugle, accablé
de maladie et enchaîné dans une prison, qui n'a vu qu'en songe
les beautés du paradis, et la liberté dont on y jouit ?
Sera-ce le don de prophétie ? - Mais qu'est-ce
que le verre, qui rapproche des objets très éloignés
?
Seront-ce des paroles mystérieuses et le langage
des Anges ? - Mais celui qui le parle peut n'être qu'un airain retentissant,
ou une cymbale qui résonne.
Le don des miracles ? - Mais les faux prophètes,
les faux Christs feront aussi des prodiges et opéreront des grands
miracles.
La distribution de son bien ? - Mais on peut aussi le
distribuer par l'excès de cet amour-propre spirituel qui, pour se
complaire, ne craint non seulement le dénuement, ni la mort même.
Sera-ce le zèle ardent pour le salut éternel
et la souffrance à laquelle il expose ? - Mais, dès qu'une
fois on connaît la possibilité de jouir du salut et de la
béatitude éternelle, il est tout naturel qu'on y tende de
toutes ses forces; et puis, combien n'y a-t-il pas de fanatiques qui, dans
leur religion, dans leur vertu imaginaire et dans leur faux patriotisme,
se sont livrés avec joie aux flammes, prosternés devant des
idoles qui n'étaient que l'ouvrage de leurs mains, et dans le but
de parvenir à la félicité de la vie à venir.
Il n'y a pas jusqu'à l'humilité même
que la nature ne puisse tellement altérer par la longue habitude
d'une patience intéressée, que non seulement l'observateur
peu exercé y sera induit en erreur; mais ces hommes humbles se tromperont
eux-mêmes, se persuadant que leur résignation a son principe
en Dieu.
Nous pouvons de même, en contrariant notre propre
volonté et en la subjuguant même, n'avoir d'autre but qu'à
y trouver un aliment à notre orgueil spirituel, et un puissant agent
pour accomplir nos propres désirs. On en voit aujourd'hui un exemple
frappant dans ces plus habiles opérateurs du magnétisme.
Ils vous disent que le plus sûr moyen pour produire des effets, c'est
de soumettre tous vos désirs; ou, en d'autres termes, que le magnétiseur
se tienne dans une parfaite inaction. Mais qui ne voit pas qu'ils se servent
de cette inaction même pour arriver plus sûrement au but qu'ils
s'étaient d'abord proposé ? C'est ce but qui les rend actifs,
dans le temps même qu'ils ne prétendent être que passifs.
Ainsi tous ces caractères que nous venons de passer
en revue pour constituer la véritable nature du chrétien
peuvent aussi se manifester sans elle.
3 - A quoi reconnaîtrons-nous donc le vrai membre
de Jésus-Christ, et quel est son caractère primitif?
L'Amour ! I Cor.13. L'amour est l'essence du corps vivifiant
de Jésus-Christ. L'amour est la manifestation de son esprit, qui
ne peut exister que dans l'amour, ni agir que par l'amour. Ce qui provient
de cet esprit est le seul bon et le seul vrai, et n'est point sujet aux
épreuves du feu purifiant. L'amour seul est le noeud indissoluble
qui unit à Jésus-Christ. Dieu est charité, et celui
qui demeure dans la charité demeure en Dieu, et Dieu demeure en
lui. (I Jean 4:16).
Cet amour qui ne finira jamais, qui ne cherche point son
propre intérêt, c'est-à-dire qui se dépouille
vers Dieu uniquement pour l'amour de lui-même; cet amour parfait,
qui n'a pas de crainte (I Jean 4:18); cet amour qui hait le péché
et le fuit, non par la crainte du châtiment, mais parce que le péché
est contraire à son principe - c'est cet amour qui est le vrai signe
de la régénération en Jésus-Christ; il est
l'âme de ce corps intérieur nouvellement régénéré,
et cette âme se manifeste à proportion qu'il avance en croissance.
Ce corps ne peut se conserver et prendre de l'accroissement
que dans l'être qui se dépouille du vieil homme extérieur.
Le moyen radical pour la destruction invisible de l'homme pécheur
est une profonde abnégation de soi-même qui, à l'aide
de l'esprit de l'amour, doit à la fin être suivie, pour ainsi
dire, par l'abnégation de cette abnégation de nous-mêmes.
Non seulement le moi ne doit point agir, il ne doit pas même avoir
le sentiment de son inaction; tant s'en faut qu'il lui soit permis d'en
jouir. C'est au moyen de cette jouissance de nous-mêmes que Lucifer
peut, en un moment, établir son trône dans le coeur. L'amour-propre,
ce règne du moi, est le nid du péché; il est l'aimant
qui attire celui qui en est le père; il est son plus puissant agent.
- C'est donc l'amour qui est le caractère essentiel de la nature
divine dans la régénération; il est le signe distinctif
des vrais membres de Jésus-Christ et des enfants de Dieu.
- Auteur inconnu
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