De croire qu’ici-bas,
il n’est d’autre lumière
Que la lumière du soleil!
Appuyée à ton
bras, quand je vais par la rue
J’entends que l’on s’arrête
et, d’une voix émue,
On se dit: « Pauvre enfant!
Quelle nuit sans réveil!
Pauvres yeux pour jamais fermés
à la lumière,
A la lumière du soleil
».
Ils ne savent donc pas, mère,
que Christ m’éclaire,
Que Christ est mon soleil et
que, dans sa lumière,
Pour moi rayonne un jour qui
n’aura pas de fin!
Si mes yeux sont fermés,
mon âme y voit: pour elle
Luit déjà l’aurore
éternelle
Que suivra l’éternel
matin.
Aussi sans m’attrister, je
les entends, ô mère,
Se dire: Pauvre enfant!
Quelle nuit sans réveil!
Pauvres yeux pour jamais fermés
à la lumière,
A la lumière du soleil
».
Hélas! Ils ont des yeux
pour regarder la terre
Et le printemps vêtu
de fleurs,
Et le flot sur l’écueil
se brisant en poussière,
Et la nuée se changeant
en couleurs!
Ils n’en n’ont point pour voir
Celui dont la Parole
Fit éclore le monde
et lui donna ses lois.
Ils m’appellent aveugle! Eh
bien! je me console,
Car eux ils ne voient rien
de tout ce que je vois.
Pauvres aveugles! C’est eux
qu’il faut plaindre, mère,
C’est pour eux que la vie est
la nuit sans réveil
Puisqu’ils n’ont pas su voir,
hélas! d’autre lumière,
Que la lumière du soleil.