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Yvan Rheault

Le témoignage prophétiques des Huguenots
ou comment Hébreux 11 traverse les siècles
 
 

Quelle importance a pour nous l’histoire des huguenots du XVllle siècle, dont Pierre et Marie Durand sont les représentants les plus en vue ? Quelle valeur ont leur attitude si ferme et leurs revendications si opi-niâtres ? Le sacrifice de leur existence a-t-il quelque signification et quelque utilité pour les générations suivantes, ou est-ce en vain qu’ils ont souffert et laissé leur vie ? S’ils ont voulu témoigner d’une vérité essentielle, il faut admettre qu’ils nous laissent un héritage. Quel est-il? Voici en quelques lignes récapitulatives les éléments déjà mention-nés d’une façon éparse dans les pages ci-dessus.

Il faut convenir tout d’abord que, si l’on considère l’apport religieux, ils n’ont rien innové ils n’ont pas proclamé une vérité doctrinale oubliée, comme l’ont fait les réveils des XlXème  et XXème siècles. Ils s’en sont tenus à la doctrine des réformateurs. Mais par leur attitude, ils ont mis en évi-dence une vérité contre laquelle viendront se briser, dans tous les temps et dans tous les lieux, tous les pouvoirs et toutes les prétentions des hommes : la souveraineté suprême de Dieu sur la Création tout entière et sur tous les pouvoirs qui s’exercent dans le monde. Ils ont affirmé d’autre part la liberté de l’homme de s’approcher de Dieu per-sonnellement, sans autre médiation que celle de Jésus-Christ, laquelle n’est pas la médiation d’une créature mais la présence même de Dieu. En effet, leur attitude est fondée sur la Bible, reconnue comme la Parole de Dieu, revêtue de son autorité sans conteste et reçue sans autre lumière que celle que donne le Saint-Esprit. Considérée ainsi, la Bible crée une relation personnelle avec Dieu et, prise au sérieux, suscite de fortes personnalités qui osent affronter tout ce qui est contraire à l’au-torité divine. Forts de cette conviction, ils osent contester au roi ses prétentions à déterminer les modes religieux et au clergé son omnipo-tence en matière de foi. Dans le domaine religieux, ils prennent une liberté entière, réclament le droit de prier Dieu selon les lumières de la conscience. C’est tellement évident pour eux que Pierre Durand déclara lors de son interrogatoire qu’il était persuadé que le roi ne s’y opposait pas.

Quant au clergé, il avait pour but de voir tous les Français rentrer dans le giron de l’Eglise catholique, apostolique et romaine, Il approuvait les déclarations royales qui visaient à anéantir la Réforme. Aussi pour les huguenots, l’institution ecclésiastique, qui exigeait la soumission aux ordres de l’Eglise sans tenir compte des exigences de la conscience, ne pouvait être reconnue comme une autorité valable en matière de foi. Cependant, ce refus d’avoir affaire à I’Eglise catholique était moins une défense contre un impérialisme persécuteur qu’une question de prin-cipe. Aucune institution terrestre, fût-elle religieuse, n’a autorité sur la conscience ; sur ce point, l’homme n’a de comptes à rendre qu’à Dieu seul ; il ne reçoit ses lumières et ses directives que de la Bible éclairée par le Saint-Esprit.

Par contre, en tout ce qui concerne l’administration du royaume, les huguenots reconnaissaient tous les pouvoirs du roi et voulaient être de loyaux sujets. Les Synodes de la restauration des Eglises décrétèrent que les pasteurs devaient « jurer par la foi qu’ils ont en Jésus-Christ d’être fidèles au roi de France en toutes choses, sauf aux ordonnances qui pourraient être préjudiciables à la foi et à l’Eglise » (Actes du Synode du Désert de 1 722). Ainsi la liberté qu’ils prenaient au point de vue reli-gieux, loin d’être un mouvement de révolte, était bien plutôt un facteur d’ordre dans la cité, et le roi, s’il eût été bien informé et eût considéré la situation sans préjugés ni prétentions, aurait au contraire reconnu la valeur civique et morale de ceux qu’il pourchassait. La liberté revendi-quée n’était pas une velléité d’émancipation permettant tous les désordres, mais le souci d’être fidèle à Dieu et à sa Parole, laquelle exige le respect de l’ordre social et civique. Cette liberté fait partie inté-grante de la dignité de l’homme. Partout où elle est contestée et répri-mée, l’homme se sent frustré dans le plus profond de lui-même et réagit pour affirmer ce droit à la liberté. Cette réaction peut se manifes-ter de diverses manières, soit par la violence, soit par l’exaltation désor-donnée, qui est une évasion ; elle peut couver longtemps sous la cendre avec l’apparence de la résignation ou de la passivité rarement elle se fait par la recherche d’une solution pacifique, mais elle finit toujours par s’exprimer et s’imposer.

Les huguenots vivarois du XVllle siècle, à la suite d’Antoine Court et de Pierre Durand, en voulant rester fidèles à Dieu et au roi, ont reconnu à celui-ci le pouvoir de les frapper même injustement. Bien avant la Révolution française, ils ont revendiqué la liberté de conscience, mais sans effusion de sang, sinon de leur propre sang. Or l’intégrité de la vie et la souffrance librement acceptée, sont une accusation plus incisive et pénétrante que toute rébellion ; elle ne peut être supportée par les puissants qui veulent imposer leurs propres volontés. Ceux-ci peuvent sévir, mais l’accusation subsiste et domine les siècles, car il s’agit d’une valeur humaine éternelle.

L'absolutisme et l’arbitraire des rois de France depuis Louis XIV vont finir par exaspérer la nation et provoquer la Révolution. Par la suite, la liberté de conscience sera inscrite dans « La Déclaration des Droits de l’Homme ». Mais la liberté, sans la compensation de la soumission au Créateur, peut engendrer toutes les injustices et les cruautés que l’on connaît. Les Droits de l’Homme ne seront pas toujours respectés pour chacun ; de nouvelles injustices et de nouvelles oppressions apparaî-tront. On ne peut s’appuyer sur la résistance des huguenots pour revendiquer n’importe quelle liberté. Si l’on veut se référer à eux pour exiger le droit à la liberté de conscience, il faut premièrement prendre exemple sur leur fidélité à Dieu et leur volonté de vivre pour sa gloire, car cette préoccupation est le fondement et le caractère de toute leur attitude.

Leur lutte et leur résistance sont la confrontation de deux mondes opposés et inconciliables: le monde des hommes et le monde de Dieu. Lun est matériel, visible et temporaire, dominé par les pouvoirs des hommes, ce qui échappe à la raison lui est étranger. Il a droit à l’exis-tence, certes, et doit être respecté, mais ses pouvoirs sont limités. Vautre est un règne à venir, c’est le Règne du Dieu Créateur, du Tout-Puissant, dont le pouvoir est sans limite. Il est reconnu par ta foi et il crée dans l’âme du croyant des certitudes et des convictions plus puis-santes que tout ce qui est visible. L'affrontement de ces deux mondes est un combat à mort ; la victoire sera remportée par celui qui est éter-nel. C’est pourquoi la foi fondée sur l’Ecriture Sainte donne la certitude de la victoire définitive de Dieu sur tous ses adversaires et permet aux croyants de supporter toutes les épreuves de la vie terrestre. La persé-vérance et la résistance des « confesseurs de la foi » (c’est ainsi qu’on appelait les galériens et les prisonniers pour cause de religion) sont le signe de cette espérance et le témoignage de la venue de ce monde attendu. C’est parce qu’animées de cette conviction que Marie Durand et les autres prisonnières refusèrent d’être délivrées de la Tour de Constance autrement que reconnues justes, et que Pierre accepta non seulement tous les dépouillements et tous les dangers de la vie errante pour maintenir la foi de ses coreligionnaires, mais encore engagea dans sa destinée celle de toute sa famille. Pour lui, le Règne de Dieu, qui doit subsister éternellement, est digne du sacrifice des réalités passagères. La possession des biens terrestres n’est pas la possession des biens éternels, et leur perte ne compromet en rien la jouissance de ceux-ci même la mort ne peut compromettre l’appartenance au monde nou-veau. C’est pourquoi, lors de l’arrestation de son père, il a pu écrire au commandant La Devèze ces paroles qui surprennent ceux qui n’ont pas cette espérance : ". . . quand il serait conduit à la mort pour soutenir la sainte religion, je n’aurais pas lieu de le prendre à honte au contraire, je croirais devoir m’en glorifier".

Qui comprit l’héroïsme de ces vies sacrifiées à la cause des Eglises Réformées de France et au témoignage de la souveraineté de Dieu sur les consciences 7 A côté des « petits prophètes » qui maintenaient dans le protestantisme d’alors l’espérance du Règne de Dieu d’une façon souvent maladroite, ces hommes et ces femmes ont été des prophètes pleins de sagesse et d’abnégation, proclamant par leurs paroles, leurs lettres et toute leur attitude, les exigences du Dieu souverain. Pierre Durand, par sa sérénité, fit grande impression sur tous ceux qui assis-tèrent à son martyre. Marie, elle, vécut dans l’obscurité et mourut comme une humble enfant de la campagne. Rien ne semblait la desti-ner à une mémoire aussi glorieuse. Son souvenir s’effaça pendant de nombreuses années jusqu’au moment où l’on rechercha la valeur du témoignage des ancêtres. Certains voudraient l’assimiler à une sainte. C’est fausser la valeur et la portée de sa vie. Certes, elle et son frère restent pour nous des exemples, mais ce n’est pas suffisant. L'un et l’autre ont été les témoins d’une vérité éternelle, Ils nous ont transmis un héritage qu’il nous faut recevoir, faire valoir et transmettre à notre tour. Leur souvenir nous oblige. Alors leurs sacrifices n’auront pas été inutiles.

Je terminerai en citant Paul exhortant Timothée :

1 Timothée 3:14à16 "Je t'écris ces choses, avec l'espérance d'aller bientôt vers toi, mais afin que tu saches, si je tarde, comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l'Eglise du Dieu vivant, la colonne et l'appui de la vérité. Et, sans contredit, le mystère de la piété est grand : 
Celui qui a été manifesté en chair, justifié par l'Esprit, vu des anges, prêché aux Gentils, cru dans le monde, élevé dans la gloire."

- Pierre-Antoine Eldin

Les huguenotes dans la tour de Constance, privés de besoins essentiels auraient pu les satisfaire en compromettant leur foi, certaines l'ont fait. 

Ne faisons-nous pas aussi face à ce choix parfois? 

Comment composons-nous avec la frustration de nos besoins non rencontrés? 

- On peut s'apitoyer sur notre propre sort et être de tristes chrétiens, - exit la joie de l'Esprit de Dieu

- On peut s'impatienter et tempêter contre le Seigneur, - on ne pourra goûter alors à la patience de l'Esprit

- Ou on peut se compromettre et vivre avec la culpabalité - oublions alors la paix de l'Esprit de Dieu

- On peut aussi demander au Seigneur de venir nous combler de son amour et expérimenter sa grâce qui n'est pas de ce monde - le fruit de l'Esprit murira alors en nous, Ga.5:22
 

O Seigneur, quand ces choix se présentent à nous, rappelle-nous ce qui est le plus précieux; ta grâce qui seule peut délecter notre âme et la contenter par le fruit de l'Esprit

 
- Yvan Rheault
 
 

 
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