A toutes et à tous.
A l’âge de douze ans l’enfant était considéré
comme jeune homme, et devenait disciple de la loi. En cette qualité,
il lui était permis d’assister à la fête de la pâque
juive. Lorsque les jours de fêtes furent achevés, les parents
de jésus quittèrent la ville sainte, persuadés que
Jésus était avec leurs amis. Ne le trouvant pas ils le cherchèrent
trois jours. Enfin, ils le trouvèrent au temple, parmi les docteurs,
les écoutants et leur posant des questions : Croyant qu'il était
avec leurs compagnons de voyage, ils firent une journée de chemin,
et le cherchèrent parmi leurs parents et leurs connaissances. Mais,
ne l'ayant pas trouvé, ils retournèrent à Jérusalem
pour le chercher. Au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans
le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant.
Tous ceux qui l'entendaient étaient frappés de son intelligence
et de ses réponses.
Marie folle d’inquiétude lui dit d’un ton de reproche
: Mon enfant, pourquoi as-tu agi de la sorte avec nous? Voici, ton père
et moi, nous te cherchions avec angoisse.
Jésus repousse ce reproche avec une candeur ou
une franchise enfantine. Il ne comprend pas qu’on puisse le chercher ailleurs
que dans la maison de Dieu. Pourquoi me cherchiez-vous? Leur dit-il, Ne
saviez-vous pas qu'il faut que je m'occupe des affaires de mon Père?
Ce sont les premières paroles que nous recueillons de la bouche
de Jésus. C’est la première lueur qui brille dans son âme
et, il se reconnaît clairement comme le fils de Dieu. Il en avait
le pressentiment, bien sûr, et avec la clarté croissante de
la conscience qu’il avait de lui-même, un ardent désir le
saisit, celui d’être au clair sur sa relation avec Dieu.
Et ma relation avec Dieu, comment est-elle ?
Dans le temple alors qu’il entend la Parole de Dieu, il
reconnaît en elle la voix de son Père. Ne lui rend-il pas
témoignage avec une spontanéité et une humilité
toutes filiales ? Ne saviez-vous pas qu'il faut que je m'occupe des
affaires de mon Père?
Mais ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait. Marie
comprenait bien les mots, leur signification aussi ! Ne se souvenait-elle
pas des paroles de l’ange : Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance
du Très-Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant
qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. Bien sûr
qu’elle s’en souvenait. Mais pouvait-elle sonder toute la profondeur et
saisir l’importance de cette parole ? Je ne pense pas !
Ne saviez-vous pas qu'il faut que je m'occupe des affaires
de mon Père? Telle est la question/réponse de Jésus.
Il leur fait comprendre que son « essence » la plus intime
est tellement unie à celle de son Père, qu’il n’a pas besoin
de réfléchir longtemps, pour savoir où il doit être.
Pouvait-il en être autrement ?
Il faut qu’il soit là où les affaires de
son Père l’appellent. Cette nécessité ou cette obligation
qui s’allient avec la liberté de l’amour qui se donne, dominèrent
et pénétrèrent toute sa vie, marquèrent ses
souffrances et sa mort.
Un jour, il vit sur un sycomore un homme de petite taille
qui désirait le voir et avec quel empressement !
Jésus lui dit alors : hâte-toi de descendre;
car il faut que je demeure aujourd'hui dans ta maison.
Et Jésus a-t-il sa demeure en nous ?
J’allais dire qu’en sa qualité de Jésus,
il ne peut qu’avoir de la compassion. Lorsqu’il jette également
son regard sur le monde, il dit : J'ai encore d'autres brebis, qui ne sont
pas de cette bergerie; celles-là, il faut que je les amène;
elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger.
Ce verset a fait couler beaucoup d’encre et pour certains illuminés
l’occasion leur fut donné de fonder des églises aux dimensions
de leurs folies. Mais nous y reviendrons.
Et pour terminer cette lettre, je dirai que, lors de son
voyage à Jérusalem, Jésus dit à ses disciples
: Voici, nous montons à Jérusalem, et tout ce qui a été
écrit par les prophètes au sujet du Fils de l'homme s'accomplira.
Ce qui a retenu mon attention ce matin, c’est de lire ou de déduire
qu’aucune nécessité extérieure ne pousse Jésus
dans la voie des souffrances. Mais, il faut qu’il souffre parce qu’il faut
qu’il s’occupe des affaires de son Père.
Ce qui le contraint à s’engager dans cette voie
c’est l’amour pour le monde pêcheur.
Je termine ce matin ma lettre en écrivant ce verset
: Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique,
afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait
la vie éternelle.
Et c’est un appel que j’adresse à ceux qui hésitent
encore !
- Gérald Morand