Nestorius... prêchait une
variante de la doctrine orthodoxe concernant la nature de
Jésus-Christ.
Au Vème siècle, deux
doctrines bibliques sont en présence :
Pour les uns, le Christ a deux natures
consubstantielles, une divine et l'autre humaine.
Pour la deuxième doctrine,
celle de Nestorius, le Christ ne pouvait être à la fois humain
et divin.
Il refusait à la Vierge Marie
le titre de "mère de Dieu"(Théotokos) il ne la considérait
que comme la mère du Christ (Christotokos). De la mère il
avait hérité sa nature humaine et de l'Esprit du Père,
il avait hérité la nature divine.
Tout l'Empire byzantin est en ébullition
à cause de la doctrine "Nestorienne". C'est le concile d'Éphèse
en 431 qui déclare déclarera hérétique les
"Nestoriens". Nestorius, archevêque de Constantinople, est démis
de ses fonctions.
Commence une persécution
qui obligent les adeptes de cette "hérésie" à trouver
refuge dans l'empire Sassanide (Iran), en Inde, au Tibet, jusqu'en Mongolie
et en Chine. On les retrouve notamment à Chang'an, la capitale impériale,
où est fondée, vers 638, la première église
nestorienne. Dans cette région, en 1625 a été trouvée
une stèle nestorienne datant de 781.
Vers 1280, un certain Rabban Sauma
apporta cette doctrine à la cour de Philippe le Bel. Elle trouva
une écoute attentive puisque jusqu'au XIVème siècle
l'Eglise Nestorienne est fortement implantée dans le monde médiéval.
Peut-elle être cataloguée
de précurseur de la Réforme ??? En tout cas elle a eu le
mérite de bousculer certains dogmes qui encore aujourd'hui entraînent
vers la Mariolatrie.
Il est à noter aussi la lettre
de l'Esprit à l'ange de l'Eglise d'Ephèse - la première
- dans l'Apocalypse (2:1à7)
Nestorius, aurait-il été
un empêcheur de "doctriner romain" ???
En ce qui me concerne, Il me plait
ce mec là.
Cordialement en Christ,
Pierre-Antoine ELDIN <°//><
"Il faut en effet parler des monophysites
quand on parle de Nestorius, mais pour les opposer.
Nestorius de Constantinople et Cyrille
d'Alexandrie discutent longtemps, la discution devient controverse puis
antagonisme. Dans un mouvement naturel de radicalisation les positions
de chacun se sont caricaturées, de sorte qu'aujourd'hui tout le
monde s'accorde pour dire qu'il y a plus incompréhension et problème
de vocabulaire que schisme. Mais schisme il y a eut, schismeS...
La question est la nature du Christ.
Cyrille est pour une sorte de fusion,
le Christ n'est pas composite, le Christ est Un, et donc en Christ il n'y
a qu'une nature, mais ses détracteurs ont compris que cette nature
est la nature divine et que le reste n'est qu'un vêtement, le Verbe
revêtit la nature humaine, le "une seule nature" donne le nom de
ses partisans "monophysites".
Inversement pour Nestorius le Verbe
investit superficiellement la nature humaine du Christ, grosso modo Jésus-Christ
n'est qu'un homme dont la volonté est celle du Verbe. Cela ressemble
à l'idée hérétique que le corps de Jésus-Christ
est humain et que son âme est divine...
La controverse a souvent porté
sur les conséquences de ces deux appréciations, par exemple
:
Sur la Croix qui souffre ? le Verbe
ou l'homme-Jésus ? et pourquoi pas, Dieu ?
Marie enfante-t-elle le Verbe ou
enfante-t-elle l'homme Jésus ?
Qui connaît la mort et descend
aux enfers ?
Quand on parle de l'homme Jésus
parle-t-on en même temps du Verbe de Dieu, et réciproquement
?
Jésus est-il vraiment le
Verbe, alors ? Le Verbe est-il vraiment incarné ?
Bref ! cet homme Jésus est-il
simple marionnette que l'on n'hésite pas à sacrifier ?
ou bien n'est-il que l'apparence
que le Verbe revêt pour nous rencontrer vraiment ?
Sur la Croix, est-ce le Fils de
Dieu qui est pendu ou bien un homme nommé Jésus ?
Ces deux thèses en apprence
symetriques donnent un rôle assez étrange à l'homme
Jésus qui semble un peu dépassé par les événements,
marionnette ou
costume ?
S'il est homme à la sauce
Nestor alors il est télécommandé et donc pas homme
comme nous qui sommes libres.
S'il est Dieu à la sauce
Cyrille alors on ne voir pas bien où est l'incarnation véritable,
il ne s'est pas fait homme, il s'est seulement présenté comme
un homme, il y a du docétisme là-dessous... Et la réalité
de l'Incarnation pose évidemment la question de la réalité
du sacrifice.
Qui Dieu offre-t-il en sacrifice
? D'ailleurs est-ce Dieu qui offre un sacrifice ou bien est-ce l'humanité
?
Qu'avons-nous de commun avec Jésus-Christ
pour que son sacrifice nous concerne ?
Il est clair que de telles réponses
aussi réductrices et aussi mutilantes ne pouvaient pas satisfaire
la majorité des chrétiens, il n'est pas possible de penser
que le Verbe ne subit pas la crucifixion, il n'est pas possible de penser
que l'homme Jésus n'est pas obéissant au Père (et
pour obéir il faut avoir une volonté propre). On s'accorde
pour dire qu'à part le péché rien de la nature et
de la condition humaine n'est étrangère à
Jésus-Christ et que tout
est absolument assumé par le Verbe.
Nestorius était de Constantinople,
il n'a jamais été vraiment dans l'air du temps... il ne pouvait
rester au coeur même de la chrétienté, en revanche
Cyrille était d'Alexandrie, il jouissait d'une autorité bien
supérieure à Nestorius, c'est une très grande figure
du christianisme, et il n'y avait aucun moyen pour le déloger.
Les nestoriens ont donc disparu
ou bien ont constitué des bastions, des isolats, aux extrémités
de la chrétienté, tandis que les monophysites ont simplement
coupé les ponts créant notamment l'Église copte et
de nombreuses églises orientales.
Très minoritaires les nestoriens
n'ont jamais été l'objet de sérieuses tentatives de
réunification, en revanche pendant deux siècles des efforts
ont été consenti de part et d'autre pour réunifier
Alexandrie et Constantinople, tantôt par la force, tantôt par
l'invention de "moyen terme" comme le "monothélisme" que voulait
imposer l'Empereur dans son désir de consensus. Saint Maxime le
confesseur a eu l'audace de s'opposer à l'empereur qui l'a exilé
après lui avoir coupé la main droite et la langue.
Comme je le disais plus haut, aujourd'hui
on admet que les positions de chacun étaient sans doute orthodoxes
sur le fond... et au fil de longues discussions, l'unité de foi
avec les monophysites est pour ainsi dire retrouvée, autant entre
catholiques et monophysites qu'entre orthodoxes et monophysites, il reste
à passer à la communion... ce qui est politique.
Aujourd'hui, ces réponses
restent tristement d'actualité, mais ces questions semblent d'un
autre âge et la règle implicite est de ne plus les aborder
de manière frontale.
Et pourtant c'est bien le Christ
qui nous demande "Qui dites-vous que je suis ?"
Alors peut-on répondre sans
faire de théologie ?
- Pierre Poncet
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