Le nom d'Isaac Newton est bien connu comme celui d'un
grand savant, d'un physicien et d'un génial mathématicien,
et reste attaché à la découverte de la gravitation
universelle. De sa vie privée nous savons fort peu de chose, car
cet homme humble ne recherchait pas les honneurs, mais s'absorbait dans
ses recherches. Sa piété solide et sans phrases se reflétait
dans sa personnalité rayonnante et paisible; il ne parlait guère
de sa vie spirituelle, mais sa Bible toujours ouverte sur sa table témoignait
de la direction que prenaient ses pensées.
Il naquit en 1642; son père était mort peu
auparavant., laissant sa femme seule pour diriger une vie de campagne dans
une situation sociale extrêmement modeste. A l'école, distrait,
peu appliqué, l'enfant se classa au dernier rang, se faisant même
moquer par ses camarades; aux heures de récréation, il ne
se mêlait pas à leurs jeux, préférant s'occuper
de quelque trouvaille ingénieuse de son invention, ou fabriquant
toutes sortes de menus objets.
Lorsqu'il eut quinze ans, sa mère crut bon d'interrompre
cette période de scolarité et de l'initier aux travaux de
la ferme, dont la charge lui incomberait plus tard. Il commença
par garder les troupeaux; malheureusement la lecture d'un livre emporté
sous le bras l'absorbait à tel point que, le soir venu, une vache
avait brouté le champ voisin, ou bien un mouton avait disparu. Deux
fois par semaine, il fallait se rendre à la cité voisine
pour y vendre les produits de la ferme; un vieux serviteur l'accompagnait.
Non loin de la ville le chemin était encaissé,
et le haut du talus formait un banc de gazon sous une haie touffue. Isaac
s'y blottissait, se plongeait dans une lecture, et le brave homme l'appelait
au retour. Ce manège durait depuis plusieurs mois lors qu'un oncle
s'en aperçut un jour. Il s'empara du livre, et, au lieu du roman
qu'il attendait, grande fut sa stupéfaction de trouver un traité
de mathématiques.
Sans peine l'oncle persuada la mère que ce garçon-là
n'était pas fait pour les travaux de la campagne, et qu'il valait
mieux l'envoyer à Cambridge y continuer ses études.
Dans ce milieu scientifique et universitaire, le jeune
homme se sentit très heureux, il en profita largement en se livrant
sans arrière-pensée aux recherches qui l'intéressaient.
Quoique très jeune, il résolut bien des problèmes
de géométrie, d'astronomie, d'optique. C'est également
à cette époque qu'il reconnut que le blanc est la réunion
de toutes les couleurs, et que la couleur est une qualité de la
lumière et non des objets.
Si l'herbe nous paraît verte, c'est que ses molécules
sont disposées de telle façon qu'elles absorbent tous les
rayons de la lumière, sauf le vert qu'elles renvoient à notre
oeil. Newton voulut un jour prouver cette découverte. Il prit sept
plaques représentant chacune l'une des couleurs de l'arc-en-ciel
et les réduisit en poudre impalpable. Tandis qu'il s'occupait à
étendre ces poudres soigneusement mélangées sur le
plancher, on frappa à sa porte. «Entrez », dit-il, et
il plaça une feuille de papier blanc en regard de la poudre. "Lequel
vous paraît le plus blanc?", demanda-t-il avant toute salutation.
"Je ne vois pas de différence", répondit le visiteur, sans
se douter de la joie qu'il causait.
Simple et modeste, le savant ne cherchait pas à
atteindre la renommée; sa découverte lui fut contestée,
,sa théorie combattue, mais il se souciait peu de la lutte. "J'étais
si fatigué de ces discussions, écrit-il, que je me reprochais
d'avoir, pour faire connaître mes idées, sacrifié quelque
chose d'aussi important que mon repos."
La même année un érudit bâlois,
Bernouilli, proposa aux plus grands mathématiciens du monde deux
problèmes sur les lignes courbes; il donnait six mois pour les résoudre.
Lorsque Newton en eut connaissance, il se plongea dans des calculs et le
lendemain avait trouvé la solution.
En 1666, fuyant une épidémie qui sévissait
à Cambridge, Newton se réfugia à la ferme paternelle,
où il passa l'automne. Le hasard d'une promenade l'amena à
proximité d'un pommier, dont un fruit se détacha. et vint
choir à ses pieds. Comme par un éclair, Isaac, âgé
de 24 ans, entrevit la loi de la pesanteur. Son intelligence ne s'arrêta
pas là: cette attraction, se demanda-t-il, est-elle limitée
à la surface du globe? ne s'étend-elle pas jusqu'à
la lune? quelle est donc la force puissante qui retient celle-ci le long
de son orbite au-tour de la terre? Il entreprit des calculs. mais le résultat
ne justifia pas la théorie, et il l'abandonna. Il ne les reprit
que seize ans plus tard lorsqu'un astronome français détermina
de façon plus précise le diamètre de la terre, et
modifia les chiffres admis jusqu'alors.
Cette fois-ci c'était exact, et l'hypothèse
émise auparavant devint le principe de la gravitation universelle.
Les savants furent saisis de surprise; c'était
si simple et pourtant si grand: "N'est-ce pas une preuve que nous nous
approchons de Dieu, disait Newton, à mesure que nous arrivons à
des lois plus simples, plus générales?"
Personne plus que lui ne fut absolument convaincu que
l'homme ne saurait découvrir Dieu par lui-même, et qu'il faut
que Dieu se révèle à l'homme. Sa Bible toujours ouverte
sur la table prouvait que c'était le livre qu'il lisait le plus,
et il apportait à cette lecture consciencieuse, faite avec prière,
le même esprit qu'à l'étude de la nature, sans idée
préconçue, cherchant à recevoir la vérité
des saints hommes inspirés de Dieu.
Vers 1700, un accident bouleversa son existence. C'était
en hiver, il se levait de bonne heure, et travaillait à la lueur
d'une bougie. Il désira ce matin-là se rendre à un
service religieux dans une chapelle voisine, et laissa son chien à
la garde de la bibliothèque. A son retour, une fumée emplissait
les pièces voisines; sur sa table de travail tous les papiers étaient
consumés et l'incendie se propageait lentement; l'épagneul
avait renversé la bougie que son maître avait oublié
d'éteindre. Le pauvre Newton se laissa choir sur une chaise en s'écriant:
"Diamant, Diamant, tu ne sauras jamais le mal que tu as fait à ton
vieux maître."
Parmi ces papiers se trouvaient les observations consciencieusement
consignées depuis vingt ans sur divers phénomènes
de la lumière. Il en fut si fortement affecté que, durant
plusieurs mois, il ne put reprendre aucun travail, ce qui fit dire à
ses détracteurs: "Sa pauvre tête affaiblie n'a point su se
débrouiller de la théologie. On ne pouvait le sortir de sa
Bible."
Il reprit cependant peu à peu le dessus, et accepta
cette épreuve de la main de son Père céleste.
Ses écrits théologiques, dont plusieurs
furent très estimés, sont contemporains de ses plus illustres
découvertes. Il aimait les prophéties, non pour se livrer
à un esprit de système et de recherches téméraires,
mais parce qu'il y ,trouvait la preuve que le monde est gouverné
par une Providence.
Newton jouit jusqu'à l'âge de 80 ans d'une
santé excellente, mais les cinq dernières années de
sa vie furent troublées par de cruelles souffrances; entre les crises,
provoquées par des calculs, il gardait son expression sereine, s'intéressant
à tout, et se mêlant à la conversation avec sa bienveillance
coutumière; ses facultés ne subirent aucune altération.
Finalement il expira subitement le 20 mars 1727 au soir
d'un jour où il avait paru mieux que d'ordinaire.
Tel fut ce génie scientifique dont on a pu dire:
«De lui seul nous est venue plus de lumière que dix siècles
n'en avaient produit avant lui ». Il était croyant, il aimait
et confessait son Sauveur, et obligeait ses collègues de l'Université
à respecter sa foi, et ne manquait jamais de rétorquer avec
fermeté si, devant lui, on osait formuler quelque propos incrédule.
Quant à la multitude de ceux qui applaudissaient à ses découvertes,
c'est en chrétien qu'il voulait répondre à leurs louanges;
dans ses écrits sur la Bible, il se préoccupait toujours
de faire du bien à leur âme.
- Sébastien Théret
Diffusion de la Bible
bibledif@online.be
|