La vie de couple


 

Ells, Alfred

La codépendance définit le problème d'aimer,
donner trop pour les mauvaises raisons.

 Il décrit la tendance de

° aimer afin d'être aimé 
° s'occuper des autres afin qu'on s'occupe de lui
° donner afin de recevoir
° plaire aux autres afin d'être accepté ou
° dorloter et calmer les autres afin d'éviter les conséquences

La plupart d'entre nous avons des tendances naturelles 
à être codépendant. Mais pour certains, la codépendance devient
un style d'interaction puissant et négatif 
pouvant blesser profondément les gens et détruire les relations. 

Quand notre motif premier d'aimer quelqu'un 
vient de notre besoin désespéré d'amour, 
cela devient dommageable.
Nous tendons à trop donner de nous-mêmes
afin de s'assurer que les autres nous aiment. 
Parfois nous nous faisons violence 
et nous nous blessons nous-mêmes 
parce que nous ne savons pas dire non
quand nous devrions dire non. 
La codépendance est vraiment un cri 
du coeur blessé pour obtenir l'amour. 

 - Alfred Ells
 

La codépendance peut être définie comme une intoxication aux gens, aux comportements ou aux choses. La codépendance est l'illusion d'essayer de contrôler des sentiments intérieurs en contrôlant les gens, les choses et les événements à l'extérieur. Pour le codépendant, le contrôle ou le manque de contrôle est central à chaque aspect de la vie.

Le codépendant peut être accroché à une autre personne. Dans cette codépendance interpersonnelle, le codépendant devient empêtré dans l'autre personne d'une manière si élaborée que le sens de soi - l'identité personnelle - est sévèrement restreint, envahi par l'identité et les problèmes de l'autre personne.

De plus, les codépendants sont comme une balayeuse devenue folle qui aspirent tout sous son passage, non seulement les autres mais aussi les substances chimiques (alcool, drogues) ou les choses - l'argent, la nourriture, la sexualité, le travail. Ils luttent sans arrêt afin de rempli le grand vide émotionnel à l'intérieur d'eux-mêmes, ce sont des «trous de beignes».

La manière que la codépendance fonctionne

1° Un codépendant est charrié par un ou plusieurs comportements compulsifs

2° Le codépendant est lié et tourmenté par la manière que les choses étaient dans sa famille dysfonctionnelle d'origine

3° L'estime de soi (et souvent, la maturité) du codépendant est très bas 

4° Un codépendant est certain que son bonheur dépend des autres 

5° Inversement, un codépendant se sent démesurément responsable envers les autres 

6° La relation d'un codépendant avec son conjoint ou avec une autre personne significative est teintée ou endommagée par un manque d'équilibre entre la dépendance et l'indépendance 

7° Le codépendant est maître dans l'art du déni et du refoulement 

8° Le codépendant se soucie de choses qu'il / elle ne peut changer et peut très bien essayer de les changer 

9° Principalement, la vie d'un codépendant est ponctuée d'extrêmes

10° En dernier de tout, un codépendant recherche continuellement quelque chose qui manque ou qui est absent dans sa vie

Ces 10 traits embarrent les codépendants dans trois réactions qui influencent leur vie de tous les jours.

1° Notre concept de la famille et de la vie adulte est façonné par notre enfance, et nous sommes liés (certains diront «condamnés») à répéter l'expérience familiale que nous nous rappelons.

2° En plus de répéter l'expérience vécue dans l'enfance, nous la laissons façonner la plupart de nos choix et même la manière que nous percevons les choses.

3° La pensée logique et rationnelle ne peut altérer les deux premiers items. L'enfant d'un alcoolique devenu adulte jure «Je ne marierai jamais un ivrogne ni ne soumettrai ma famille à la souffrance que j'ai enduré.» Cet enfant choisira presque invariablement un partenaire alcoolique ou quelqu'un qui est dysfonctionnel de manière similaire (ex. intoxiqué du travail) en dépit de toutes ses bonnes intentions, en dépit de la connaissance acquise au sujet du dysfonctionnement. La raison et la logique semblent s'envoler droit par la fenêtre, bannies par la chanson de la sirène séduisante du passé.

LES CAUSES DE LA CODÉPENDANCE

Les besoins émotionnels non rencontrés

La faim d'amour est un pulsion très positive, un besoin d'aimer et d'être aimé qui vient de Dieu, inné dans chaque enfant qui naît. C'est un besoin légitime qui doit être rencontré du berceau au tombeau. Si les enfants sont privés d'amour - si leur besoin primordial n'est pas rencontré - ils vont transporter des cicatrices le reste de leurs jours. Les bébés peuvent en mourir s'ils sont privés d'amour.

Quitter la maison et dire au revoir

Une étape clé dans le recouvrement de la dépendance semble si facile - quitter la maison. Il n'y a rien là, n'est-ce pas? Tout le monde fait cela. Sauf que ce n'est pas un seul événement isolé. De plus, il y a 2 manières distinctes de quitter la maison: nous devons être certains que nous avons vraiment quitter la famille d'origine, et dit au revoir à papa et maman. Et nous devons littéralement dire au revoir à nos faux symboles de sécurité.

Dans notre culture, la dépendance des enfants se termine habituellement à la fin de l'adolescence ou au début de la vingtaine. Rendu là ils ont fini l'école et ont probablement commencé une famille. Ce n'est pas si simple cependant. 

Il y a plusieurs niveaux d'indépendance et ils ne se produisent pas tous simultanément. 

1. INDÉPENDANCE RÉSIDENTIELLE

Les enfants parviennent à l'indépendance résidentielle en quittant le foyer parental actuel. 

2. INDÉPENDANCE FINANCIERE

Ils peuvent, cependant, être encore totalement dépendant financièrement, comme dans le cas d'un gars de 18 ans qui va au cegep. 

3. INDÉPENDANCE SOCIALE

L'indépendance social est complétée quand l'enfant développe un cercle d'amis qui lui est propre. Les mais peuvent connaître les parents ou partager l'amitié des parents, mais les enfants les comptent pour leurs propres amis. 

4. INDÉPENDANCE VOCATIONNELLE

L'indépendance vocationnelle se produit quand l'enfant poursuit une carrière qui lui est propre.

5. INDÉPENDANCE SPIRITUELLE

L'indépendance spirituelle est obtenue quand les enfants ont établi leurs propres croyances et codes moraux, qui peuvent ne pas refléter ceux de leurs parents. 

Aucun de ces pas d'indépendance n'a besoin d'être fait en même temps.

6. INDÉPENDANCE ÉMOTIONNELLE

Ensuite, quelque part vers le milieu de la vingtaine ou au début de la trentaine, les enfants prennent le pas final, qui rend la séparation complète et claire, en quittant la maison émotionnellement.

Apparremment les enfants ont besoin de quelques années en dehors du foyer à voler de leurs propres ailes afin de construire une fondation solide de confiance en soi avant de s'attaquer à cette séparation finale. L'accomplissement de l'indépendance émotionnelle est pénible. C'est le dernier vestige des temps passés. Ça prend des tripes et de la force pour faire ce saut. 

Il y a des récompenses splendides quand on persévère avec cette étape finale. C'est ultimement gratifiant d'émerger de l'ombre de la famille originale dans un statut complet d'adulte indépendant. Cela permet de mener, de son propre chef, une vie productive, saine et sans intoxication.

Le psychologue Carl Jung affirmait que la plupart des gens ne peuvent commencer à connaître Dieu profondément avant le milieu de la trentaine. Même si nous ne sommes pas d'accord avec plusieurs des prémisses de Jung, nous reconnaissons que les bénéfices spirituels et émotionnels s'accroissent quand on quitte la maison. Jung affirme qu'on doit premièrement quitter la maison et se déconnecter émotionnellement et spirituellement de son mère et de sa mère. Ensuite on est libre d'avancer dans une marche plus profonde, plus riche avec Dieu.

SAIN VERSUS CODÉPENDANT

Après tout, nous sommes nés dans des familles afin de les quitter éventuellement. Dans un sens, les bébés quittent la maison en naissant. L'indépendance grandit journellement. Apprendre à marcher sans aide, explorer, débuter l'école, obtenir son permis de conduire, quitter physiquement la maison, et ainsi de suite, tout cela conduit éventuellement à la graduation dans la famille céleste.

Le problème est que les codépendants ne semblent jamais faire cette séparation finale. Ils restent accrochés à un stage quelconque avant la terminaison du processus d'indépendance.

Dire au revoir à ses parents ne signifie pas couper tous les ponts mais c'est plutôt une déclaration d'indépendance. C'est l'au revoir qu'on fait avant de partir en voyage. "Je suis toujours ton enfant, mais je dépends de moi-même maintenant. Ä partir de maintenant quand je viens vous voir chez vous ce n'est plus en tant que résident émotionnel mais comme un visiteur." Ce genre d'au revoir a sa place que le parent soit vivant ou décédé.

COMMENT SAVOIR SI VOUS AVEZ QUITTÉ LA MAISON?

Ce n'est pas toujours facile à dire. Ce qui est un comportement approprié ou nécessaire pour une personne peut être se cramponner et dépendre pour une autre personne. Par exemple, une femme peut appeler chaque matin sa vieille mère fragile. C'est une précaution de sécurité raisonnable. Si maman ne répond pas au téléphone, elle va aller directement chez elle pour s'assurer qu'elle n'est pas malade ou qu'elle ne s'est pas fait mal. En contraste, un homme peut appeler sa mère à tous les jours, même si elle est en bonne santé. Il peut avoir le besoin pressant d'entrer en contact avec elle, pour affirmer sa journée et ses pensées. La femme de l'exemple n'est pas dans une relation de codépendance avec sa mère, cet homme-ci l'est. Il n'a pas quitté la maison.

CRITERES QUI MONTRENT QU'ON EST TOUJOURS LA MAISON

Pour les adultes avec des problèmes de codépendance on peut faire un bref inventaire des connexions qui les retiennent avec leur famille d'origine.

1. Ce qui est un signe presque certain, c'est l'approvisionnement financier. Si souvent les adultes qui n'ont pas quitté la maison émotionnellement sont dépendants financièrement.

2. Les adultes codépendants peuvent même avoir de la misère à quitter la maison tout simplement. Ils peuvent bravement déclarer leur indépendance et quitter la maison, souvent pour se marier. Mais quelque chose de travers se produit. Ils sont en état de crise. Ils reviennent à la maison retrouver la sécurité du vieux nid familial.

3. Comme on l'a vu, le besoin d'entrer en contact chaque jour avec un parent.

4. Les au revoir qui ont mal été faits, dans un esprit de rébellion. Les liens coupés sans au revoir appropriés.

Comment faire cette séparation émotionnelle finale si elle n'a pas déjà été faite? La méthode la plus facile c'est de s'asseoir avec ses parents et de leur parler. Discutez de votre vie en grandissant dans cette famille, de vos joies, peines, sujets de fierté, de frustrations et dites littéralement "au revoir".

Ne déshonorez jamais vos parents, cela abaisse autant les parents que l'enfant. Pas d'insultes, de paroles rabaissantes. Décrire les blessures; oui. Louanger ce qui était digne de mention; oui. Exprimer comment vous vous sentez; oui. Patauger dans un rôle exagéré de victime / martyr; non!

Le plus grand honneur que vous pouvez donner à vos parents c'est de devenir toute la personne que Dieu a prévue pour vous. Si des affaires non terminées, des bagages émotionnels, entravent votre croissance en tant que chrétien, c'est important que vous vous déchargiez de ces bagages. Ceci signifie traiter cette affaire avec amour mais aussi avec fermeté. On ne peut penser à une meilleure manière d'honorer nos parents qu'en développant nos dons naturels.

La notion de quitter émotionnellement la maison n'a rien de nouveau. Le principe se retrace jusque dans Ge.2:24 "quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme". Alors que vous faites vos au revoir à papa et maman, vous allez jouir de relations plus intimes avec les autres personnes dans votre vie, en plus d'une relation plus profonde avec Dieu.

Il y a un triste paradoxe dans ce concept de quitter la maison. Les codépendants, les personnes qui ont le plus besoin de mettre la famille originale derrière eux, sont ceux qui ont le plus de difficulté à faire la séparation. Les au revoir et les transitions ne sont jamais faciles pour un enfant sain. Le premier jour à l'école, la graduation, le mariage peuvent tous apporter une larme ou deux. De tels événements sont poignants mais faisables. Les familles en santé se laissent aller les uns les autres. Les au revoir appropriés sont difficiles, proche impossibles, pour les personnes émergeant d'une enfance douloureuse, dysfonctionnelle, abusive.

"C'est fou! ces gens disent. Cela n'a pas d'allure. Les choses étaient si douloureuses à l'époque. Pourquoi suis-je encore si lié dans ce qui semble en surface si facile à délaisser? Et cependant je réalise que cela est si vraie."

La réponse c'est la répétition compulsive, ce sentiment puissant que quelque chose laissé en arrière n'est pas encore terminé. Si le codépendant quitte la maison, il ne peut plus arranger le problème. Une autre réponse c'est que les codépendants tendent à rester accrochés après un élément quelconque du processus complexe de quitter la maison et restent sur le neutre pour toujours.

Les codépendants souffrent aussi du lien de culpabilité ou de honte bien plus que les enfants adultes plus en santé. Ä cause de la colère et du ressentiment qui les habitent, ils se sentent poussés à rester dans la famille d'origine, à rester lié à la source de la colère, et à la revivre. Même si la colère reste enfouie - en fait, surtout si la colère reste enfouie - elle continue à former un lien puissant de haute énergie émotionnelle. 

Harold Walker, un courtier dans la quarantaine avancée, est un exemple d'une telle colère enfouie. Quand nous l'avons rencontré pour du counseling, il a juré de long en large que cette histoire de colère ne le concernait en aucun cas; il ne se sentait pas amer envers sa mère alcoolique. Il niait aussi toute colère dirigée contre sa femme ou sa famille. Mais ces vingt dernières années, il a fait passé sa famille par plusieurs faillites. Il a vu la finance reprendre ses maisons et ses autos. Sa femme a finalement et à reculons décidé de le divorcer quand il a commencé à voler les fonds de placement de ses enfants. Même s'il nie toute colère, il est évident de l'extérieur qu'il en manifeste énormément envers sa femme et ses enfants. Tant qu'il ne peut pas dépasser ce stade, lui et sa famille sont voués à la misère et à la crise financière continuelle.

Il y a une autre étape à ce niveau - c'est dire au revoir aux faux symboles de sécurité ou fausses idoles. Et cette fois, au revoir signifie adieu pour toujours. Cela doit être permanent. Un faux symbole de sécurité est tout ce qui fonctionne dans votre vie comme quelque chose de révéré, quelque chose à laquelle vous êtes dévoué de manière inapropriée. Dire adieu ne signifie pas nécessairement que vous expulsez cette chose de votre vie. Cela signifie que vous dites un ferme adieu à son aspect idolâtre. (aspect idolâtre de la nourriture: anorexie ou boulimie, aspect idolâtre du sexe: pornographie, masturbation, homosexualité, inceste impudicité, aspect idolâtre de l'argent: cupidité, pouvoir, contrôle despotique, fausse sécurité).

Tout le monde a des parents; on ne les pousse pas comme cela. Quand vous dites à vos parents le "au revoir" approprié et délibéré, vous devez, d'une manière ou d'une autre, remplir l'espace parental laissé vacant. Dieu est celui qui est apte à remplir cet espace, il est le parent ultime.

Voyez-vous, dire au revoir à vos parents c'est plus que des paroles, car les parents sont une ombre de Dieu. Quand vous étiez très petits, vous les perceviez comme s'ils étaient Dieu. Maintenant vous dites qu'aucun être humain est adéquat pour apaiser la blessure et la guérir. Vous dites au revoir au mythe que les ressources humaines sont adéquates. C'est douloureux et pénible. Vous êtes arrivé au point où aucun autre être humain peut être Dieu dans votre vie.

Dire au revoir à ces faux symboles de sécurité est aussi pénible, parce qu'ils sont - eh bien, ils sont fiables. Ils sont familiers, prévisibles. C'est très dur d'abandonner le familier, le connu.

Le besoin c'est de s'engager à mettre des frontières. 

 - Hemfelt, Minirth, Meier, Love is a choice


 
 
 
 
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