Recherche sur ce site
activé par FreeFind

Liste de discussion

Yvan Rheault

Chapitre III 
Sur le Haut-Amazone  
Avec la Bible au Brésil Quelques jours plus tard nous revînmes à l'endroit où nous avions laissé notre bateau et là nous nous séparâmes. Cinq d'entre nous retournèrent directement à notre point de départ, tandis que M. Walkey et moi nous nous rendions avec le petit canot à Jatuarana, un petit poste-frontière du Brésil.

Le poste consistait en six ou huit demeures de boue sèche, méritant à peine le nom de maisons, à part peut-être celle de l'administrateur, qui avait un plancher. Elles étaient occupées par quelques employés du gouvernement et une douzaine de rudes marins.

De là nous comptions continuer notre long voyage par le moyen d'une petite chaloupe à vapeur qui descend la rivière Japura jusqu'à l'Amazone une fois par mois, mais nous découvrîmes que nous devions l'attendre environ une semaine. Aussitôt on nous offrit cordialement l'hospitalité, à mon ami et à moi, et nous eûmes bientôt gagné la confiance de ces gens.

Je sentis que j'avais là une occasion qu'il ne me fallait pas manquer, d'autant plus que j'avais trouvé à mon arrivée une caisse de Bibles et Testaments en espagnol et en portugais que j'avais commandés quatre mois auparavant et qui m'attendait là. Mais il fallut souvent beaucoup de sagesse et de tact pour briser la glace et induire les gens à écouter. Comment me fallait-il faire? Je me souvins que nous avions dans notre équipement un petit gramophone.

Au début j'avais des préventions contre ces instruments, mais à présent je les considère comme un moyen utile pour attirer les gens, et ce fut certainement le cas cette fois-là.

Le soir de notre arrivée, après le dîner, je produisis mon gramophone qui était une grande nouveauté dans ce coin reculé, et avant la fin de la semaine il avait attiré tous les voisins des deux côtés de la rivière, à plusieurs kilomètres de distance. En cette première occasion je fis entendre quelques disques de cantiques, puis je remarquai d'un ton détaché que j'avais dans ma poche un livre très intéressant dont, avec leur permission, je leur lirais un extrait. -Pourquoi pas! s'écrièrent-ils.

Et je leur lus l'histoire du fils prodigue, en l'accompagnant d.'une courte explication qui fut suivie avec une grande attention. Le lendemain soir je recommençai la même manoeuvre. Après avoir fait marcher le gramophone, je leur chantai un cantique en portugais ; puis de nouveau je sortis ma Bible et leur lus une portion.

Dès le troisième soir ils s'étaient accoutumés à ma voix et paraissaient oublier ma présence dans l'intérêt qu'ils prenaient à ce qu'ils entendaient.

Un jeune marin en particulier manifestait une grande attention et ouvrait de grands yeux en m'écoutant, et, lorsque j'eus cessé de parler, il rompit le silence momentané qui s'était établi en s'écriant: -Eh bien, mon père et ma mère étaient des gens religieux, mais jamais ils ne m'ont dit cela! Je n'en avais jamais entendu parler jusqu'ici, et maintenant que j'ai entendu vos paroles et que je les ai comprises, je puis dire: «J'en suis! J'en suis! »

Dix mille Brésiliens feraient écho à ces paroles s'ils avaient seulement l'occasion d'entendre ce que ces marins entendirent. « Comment croiront-ils en ce-lui dont ils n'ont point entendu parler? Et comment entendront-ils sans quelqu'un qui prêche?» (Rom. 10, 14).

Un autre homme nommé Antao fut peut-être encore plus profondément convaincu et, lorsque j'offris à chacun un exemplaire des Écritures, il se mit à lire sa Bible d'un seul trait à haute voix, en sorte qu'il pouvait être entendu de tout le village. Etendu dans mon hamac dans une maison voisine, je pouvais suivre distinctement sa lecture.

Après notre départ, ce même homme commença une école pour ses compagnons qui désiraient apprendre à lire l'Évangile; et quelque temps après j'appris avec joie qu'il y avait eu plusieurs personnes converties dans cet endroit éloigné. L'une d'elles est un jeune Indien nommé Claudino. Avec son aide, je pus établir un vocabulaire assez complet de leur dialecte.

Nos petites réunions se continuèrent chaque soir, jusqu'à ce qu'un jour le bateau à vapeur arriva! Ce qui mit fin à notre travail. Après de longs et affectueux adieux, nous prîmes .le chemin du retour, mais nous laissions derrière nous la précieuse Parole de Dieu, comme un sûr et durable témoin, qui rie manquera pas de produire un jour du fruit.

Plusieurs années après, Antao me rejoignit, et il est maintenant un de nos colporteurs les plus utiles et les plus appréciés, comme il a aussi été mon fidèle compagnon de route dans plusieurs de mes voyages. Un tel résultat est une ample compensation aux épreuves et aux désappointements de notre expédition sur le Haut-Amazone.

 

Chapitre 4
Table des matières
Centre de Ressources Bibliques