Le Rôle de la Femme dans l'Église

                                                               I Timothée 2: 8-13
                                                                Marc Pembroke
                                                              le 12 novembre 1997
 

Nous ne pourrions pas espérer de comprendre ce passage, ni aucun autre, sans prendre en considération le contexte dans lequel il est écrit. Pour cela, nous pourrions profiter d'une brève révision de l'épître que nous appelons I Timothée. Il paraît que cette lettre doit être écrite après le séjour de Paul à Ephèse. On serait tenté de situer cette épître pendant le voyage missionnaire mentionné en Actes 20:1-7. Cependant, selon épître 1:4, Timothée voyageait avec Paul. Il faudrait donc supposer que Paul serait parti en Macédonie tout seul. Ainsi, Timothée serait venu joindre Paul quelques mois plus tard. Pourtant, cette interprétation entraînerait bien d'autres difficultés. Est-ce que Timothée, ayant reçu sa charge, aurait quitté son poste toute de suite?

Autrement, la lettre vient d'une époque plus tard, après l'emprisonnement mentionné en Actes 28 qu'on  date en l'an 64. Cette lettre est donc vers la fin de la carrière de Paul, mais quelque  temps avant son dernier tribunal et son martyr en l'an 66.  Il cherche à investir tous ces meilleurs conseils en Timothée, un jeune homme fidèle, mais chargé des responsabilités qui semblent dépasser par lointain ses capacités naturelles. Le fait que Paul serait le vrai auteur de cette épître n'était pas mis en cause de façon sérieuse avant les années 1820. Nous procéderons sous la supposition que Paul est le vrai et le seul auteur de ce texte. Une bonne discussion de l'historicité et l'authenticité de cette épître et les deux autres "pastorales" (II Tim et Tit) ont été faites par A. Kuen.

Remarquons qu'en chapitre I, Paul a soulevé le problème de la présence des faux docteurs. Ces personnes n'aurait pas eu l'intention de promouvoir le vrai évangile. Le passage de I Tim 1: 3-11 mettrait en évidence le contraste entre le vrai évangile et les contrefaits. Ceci est suivi par la charge à Timothé de garder l'évangile comme un bon soldat, et d'éviter le naufrage. Il cite deux personnes, Hyménée et Alexandre, qui seraient des mauvais exemples. Le but de cette lettre serait donc de donner à Timothé et à ses successeurs les conseils qui éviteraient le déclin moral et l'effritement de la pureté de la doctrine de l'évangile.

Ayant dit tout cela comme introductif, Paul se lance dans ce chapitre II. Ce chapitre serait, en premier lieu, une guide pour la prière publique. Paul comprenait que la vie de l'église dépend en tout cas de la prière. Ici, comme ailleurs, et surtout dans Eph 6, Paul nous enseigne que la dimension invisible de l'église, la bataille spirituelle, la communication directe avec Dieu, et la réalité la plus importante à saisir. Une communauté qui ne prie pas correctement et fidèlement ne peut pas tenir contre les ruses du diable et la persécution. Aussi, sans avoir une vie spirituelle de la prière, nous ne pourrons pas espérer que les puissances politiques nous donneront des situations dans lesquelles l'évangile pourra s'épanouir. Il fait un résumé de l'évangile comme le seul moyen du salut par le seul médiateur, Jésus-Christ. Sa mission d'être apôtre pour "les nations" serait liée à ce salut. Ainsi, nous devrions comprendre ce qui suit par cette longue introduction. Ce message est pour l'église entière et pour toutes les cultures et pendant toutes les époques. Ainsi, tenant compte de son contexte, commençons l'analyse de ce passage.

I Tim 2:8-3:1 8. Je veux donc qu'en tout lieu les hommes prient, qu'ils lèvent les mains pour prier avec pureté de cour, sans colère ni esprit de dispute.[Français Courant] Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, levant vers les cieux des mains saintes, sans colère ni dispute. [TOB] Je veux donc... Il faut comprendre que le mot "donc" indique que cette phrase serait le résultat de l'idée qui précède. Ainsi, Paul dit que c'est dans les cadres de son apostolat envers les nations et pour le bien-être de l'évangile et des églises à venir qu'il donne ce conseil. les hommes prient Le grec comprend deux mots qui peuvent se traduire pour "homme." L'un , anthropos, a le sens plus général de "l'être humain", mais andros est plus spécifiquement masculin. Comme Paul vient de se servir d'"anthropos" à trois reprises en versets 4 et 5, il me semblerait qu'il faudrait comprendre qu'il s'adresse plus particulièrement aux personnes de sexe masculin dans ce verset. levant au ciel des mains saintes. La TOB a été plus proche à l'original dans le sens ou cette version a gardé le participe du verbe pour "lever." Il faudrait comprendre que Paul voudrait conseiller les choses qui ne seraient pas les plus "faciles" ou "naturelles" de faire. En particulier, c'est probable qu'à son époque, comme pour nous, les hommes ont une réticence à prier, surtout en public. Par contre, le verbe "lever" n'exige pas forcément la phrase "vers le ciel." L'essentiel, c'est d'avoir le courage, et l'attitude nécessaire pour prier en public de façon digne. Cela ne serait pas fait seulement par les gestes, mais par la sainteté. On ne devrait pas avoir l'orgueil ni les disputes au moment de la prière. Cela exige qu'on ait la vie "en règle" avec les autres avant de se mettre à la prière. Pour dire le moindre, Paul n'impose pas un fardeau sur un sexe seulement. Il est équilibré, et sensible aux difficultés de tous les deux sexes. Ici, il souligne le devoir de la prière, mais aussi le devoir de garder l'esprit de solidarité en dehors du contexte du culte.

9 Je désire aussi que les femmes s'habillent d'une façon convenable, avec modestie et simplicité; qu'elles ne s'ornent pas de coiffures compliquées, ou de bijoux d'or, ou de perles, ou de vêtements coûteux,[fc] Quant aux femmes, qu'elles aient une tenue décente, qu'elles se parent avec pudeur et modestie:ni tresses ni bijoux d'or, ou perles ou toilettes somptueuses.[TOB] Le texte grec suggère "de même manière, que les femmes soient en tenue modeste." Il n'y a pas de verbe dans la référence à la tenue, et ainsi il faut en fournir un en français. Je pense que "tresses" serait plus exactes pour la référence aux cheveux, mais que "vêtements coûteux" serait plus corrects pour la fin du verset. Clairement, l'intention de ce verset est de souligner que la bonne façon de se parer pour le culte serait partiellement par la tenue modeste. Le mot pour "tenue" est ambigu en grec, et il pourrait se référer ou bien aux vêtements qu'au comportement. L'apôtre prend le soin de clarifier son intention. Le verset 10 continuera avec les bonnes attitudes. Nous pourrions quand même remarquer déjà que Paul n'avait pas mentionné une tenue pour les hommes, mais il le fait pour les femmes. Cela pourrait être dû au fait que les hommes de son époque s'habillaient de façon un peu plus uniforme. Par contre, Paul aurait su qu'une réunion de prière ou d'un culte est parmi les plus difficiles d'expériences à maintenir. Il savait également que le diable ferait n'importe quoi pour diminuer l'efficacité des prières des saints. Parmi ses tactiques, c'est la distraction, et parmi les distractions les plus probables dans un culte serait les femmes habillées de façon provocatrice.

10 mais d'oeuvres bonnes, comme il convient à des femmes qui déclarent respecter Dieu. [fc] mais qu'elles se parent au contraire de bonnes oeuvres, comme il convient à des femmes qui font profession de piété. [TOB] Les différences de traduction reviennent aux choix des synonymes possibles. Paul revient à l'idée que la bonne préparation pour le culte devrait être reliée à la conduite en dehors du culte, soit dans la société en général ou dans la communauté chrétienne. Comme pour les hommes, les femmes se préparent à la prière par leur conduite,et non pas par leur tenue. De nos jours nous avons pu constater le fait que dans certains milieux, les femmes semblent se présenter au culte comme si elles étaient modèles pour la mode. Cette tendance pourrait nuire, non seulement, à l'attention des hommes, mais aussi à l'énergie et l'attention que les femmes consacraient à l'oeuvre de Dieu.

11 Il faut que les femmes reçoivent l'instruction en silence, avec une entière soumission.[fc] Pendant l'instruction la femme doit garder le silence, en toute soumission. TOB Plus littéralement, "Que les femmes s'instruisent" en silence et en toute soumission." Encore, il faut rappeler le contexte. Paul parle de la prière  publique. Il parait que des femmes détournaient les réunions de prière de leur point focal en cherchant de s'instruire, ou possiblement sous le prétexte de s'instruire. Si l'on connaît un peu les styles de réunion "charismatique" de nos jours, on sait que la réunion, ou même le culte, peuvent "virer" dans une direction totalement inattendue. Cela commence par un témoignage, ou parfois une "exhortation," suivie d'une élucidation. Paul n'accepterait pas même une demande d'élucidation d'interrompre le but central d'une réunion de prière.

12. Je ne permets pas à la femme d'enseigner ou de prendre autorité sur l'homme; elle doit garder le silence.[fc] Je ne permets pas à l'a femme ni d'enseigner ni de dominer l'homme. Qu'elle se tienne donc en silence. [TOB] J'aurais dit "Mais, je ne permets pas à une femme d'enseigner, ni de dominer un homme, mais d'être en silence." Le mot pour "enseigner" ici est le plus commun pour le sens d' "enseigner" en français. Puisque Paul parle toujours des réunions publiques, il paraît qu'il limiterait l'instruction doctrinale aux hommes, et que les femmes ne devraient pas "dominer" les hommes dans le culte ou les réunions de prière chrétienne.Ceci ne semblerait pas s'appliquer aux discussions privées.. Rapellons le travail de Priscilla et Aquilla (Rom xvi 3-5, et de Euodias et Syntyche (Phil iv. 2, 3). Paul expliquera ses raisons dans les prochains versets.

13. En effet, Adam a été créé le premier, et Ève ensuite. [fc] C'est Adam, en effet, qui fut formé le premier. Eve ensuite [TOB] Car Adam fut formé le premier, ensuite Ève . Ici, Paul fait référence à Gen 1:27; 2:7,22; Voir aussi I Cor 11:8-9. Il y a deux raisons pour choisir ces deux textes. D'abord, il serait l'exégèse apostolique de conclure, à partir de la Genese, avant même la chute de l'homme, que Dieu ait voulu un ordre de priorité dans les relations humaines. Deuxièmement, si un principe est dérivé de l'ordre de la création, il s'appliquerait à toute l'humanité. Notons aussi que Timothéserait en Asie Mineur  (Ephèse). Pourtant, le même argument s'appliquait aux corinthiens dans un contexte très particulier. Paul, un voyageur expérimenté, ne voulait pas que cet enseignement soit relié à une culture locale ou à une seule génération. La doctrine de la création de l'homme s'appliquerait à toute l'humanité,et ce passage s'appliquerait à toutes les églises. Finalement, Paul cherche à évoquer le problème de l'effort continuel de la part du diable pour détourner la vie spirituelle des croyants, surtout pour minimiser la prière.

14. Et ce n'est pas Adam qui s'est laissé tromper, mais c'est la femme qui s'est laissé tromper et qui a désobéi à l'ordre de Dieu. [fc] Et ce n'est pas Adam qui fut séduit, mais c'est la femme qui, séduite, tomba dans la transgression. [TOB] Je préférais: Et Adam ne fut pas séduit, mais la femme, ayant été séduite, est devenue en transgression. Encore, c'est le contexte de la Genèse qui éclaircirait ce texte. En Genese 3, le serpent est appelé "le plus subtil" de tous les créateurs. Pour Paul, ce récit nous donne un avertissement. Plus particulièrement, la femme est la première victime de la séduction diabolique. Ceci avait été accompli par un dialogue qui mettait en doute le sens, l'intégrité, et l'applicabilité de la Parole de Dieu. Cette lettre à Timothée est écrite pour mettre en garde les chrétiens de l'influence hérétique. Ainsi, selon Paul, la défense de l'évangile s'accomplirait, en partie, en évitant les situations où les femmes sont mises dans une position d'enseignement ou d'autorité spirituelles. Elles deviendraient, ainsi des cibles pour les puissances diaboliques. C'est donc à la dimension du monde spirituel que ce passage s'adresse. Ce texte est aussi un avertissement aux hommes. D'abord, il faudrait veiller au sujet des propos des femmes, ou de son propre foyer. Dans le contexte du verset 8, on voit un deuxième problème: Adam aurait pris sa mauvaise décision de suivre sa femme dans la transgression, sans avoir pris le temps de prier avant d'agir.

15. Cependant, la femme sera sauvée en ayant des enfants, à condition qu'elle demeure dans la foi, l'amour et la sainteté, avec modestie. [fc] Cependant elle sera sauvée par sa maternité, à condition de persévérer dans la foi, l'amour, et la sainteté, avec modestie.[TOB] Mais elle sera sauvée à travers la maternité, si elles continuent dans la foi et dans l'amour et dans la sainteté, étant raisonnables. Ce texte semblerait être parmi les plus difficiles dans les épîtres pastorales, au moins selon Guthrie. Il faut comprendre que la langue grecque permettrait une certaine fluidité qui ne serait pas possible en français. En effet, Paul est passé du singulier au pluriel aux milieux de cette phrase. Il se peut que la référence à la maternité s'appliquât particulièrement à Ève, et au fait que son salut été lié à la nécessité de pouvoir porter des enfants, et éventuellement, le Messie. La fin de la phrase serait donc plus générale, s'appliquant aux femmes chrétiennes. Autrement dit, les femmes chrétiennes seront sauvées par la foi si elles y tiennent. Une autre possibilité serait la façon de désigner un sens particulier d'un terme général en se servant de l'article défini. C'est possible que les premiers chrétiens de l'époque apostolique disent "l'enfantement" ou "La Maternité" pour se référer à la naissance du Christ. Paul utilise ce genre d'expression avec "Le mystère," "La foi," et "L'enseignement." Irénée, Ignate, et autres pères de l'église semblent aussi se servir des tels usages. Cette interprétation est appuyée de façon détaillée par Lock.

3.1 Voci une parole certaine. [fc] Elle est digne de confiance, cette parole [TOB] Fiable est la parole. Ce n'est pas claire si l'apôtre voulait que cette phrase se réfère à ce qui précède ou à ce qui suit. Dans les manuscrits grecs, il n'y avait pas même de la ponctuation, pour ne rien dire des divisions en chapitres et en versets. L'édition de Stephanus de 1551 a établi les divisions qui sont devenues traditionnelles dans le nouveau testament. Il a vu la phrase comme une introduction aux qualifications d'officiers. C'est donc le premier verset du chapitre 3. Mais, puisque Paul semble se servir de cette phrase surtout dans les discussions du salut, les éditeurs modernes ont gardé les divisions, mais ils ont placé la phrase à la fin du paragraphe que nous avons étudié.Voir Tit 3:8. Quelques Réflexions sur les Approches Alternatives. Sans doute, un problème mérite notre attention. Étant donné l'exégèse précédente, on ne comprend pas assez bien pourquoi l'église chrétienne, depuis le premier siècle, n'a pas eu des femmes pasteurs ou docteurs.

Pourtant, plus récemment, un grand nombre de théologiens évangéliques ont offert des autres interprétations. Suite à ces interprétations variées, la majorité des églises issues de la réforme, y inclut l'Eglise Réformée Evangélique Indépendante en France, ont décidé d'accorder le titre de pasteur,ou même d'évêque, aux femmes. Pourquoi est-ce que nous refusons de donner place à ces autres perspectives dans les milieux réformés au Canada et aux Etats-Unis? En bref, malgré le renommé des théologiens qui s'identifient parmi les évangéliques conservateurs, sinon, des personnes qui réclament l'inspiration et l'autorité des écritures, il n'existe pas de façon d'admettre des  femmes en position d'enseignement et de rester conséquent avec les présupposés de l'infaillibilité de la Bible. Étant donné la gravité de cette accusation, nous ne pouvons pas l'affirmer à la légère ou sans appui.

Le problème herméneutique et pratique soulève deux questions différentes.

1. Est-ce que nos frères et sours évangéliques, qui aboutissent à la conclusion que c'est permissible d'admettre des femmes comme pasteurs, sont restés fidèles à la foi et conséquent avec eux-mêmes, en présentant leurs arguments?

2. Est-ce que les évangéliques de nos jours continuent d'affirmer l'infaillibilité des Écritures?

A mon avis, la réponse simple à toutes les deux questions est "non." Voyons pourquoi. Considérons des articles publiés dans Evangelical Quarterly, dont l'éditeur pendant des longues années était le docteur F.F. Bruce. M. Bruce est un commentateur renommé, ayant des énormes capacités intellectuelles, dont la connaissance des langues bibliques est incontestable. Le pasteur Alan Padgett a fait deux contributions dans Evangelical Quarterly sur le sujet de féminisme dans le nouveau testament. Le premier est "Feminism in First Corinthians: A Dialogue with Elizabeth Schüssler Fiorenza, Evangelical Quarterly Vol LVIII/No. 2 Avril 1986, pp121-132. Le deuxième serait "The Pauline Rationale for Submission: Biblical Feminism and the hina Clausses of Titus 2:1-10. Evangelical Quarterly, Vol LIX/No.1 Janvier 1987. Dans son premier article, M. Padgette souligne certain difficultés avec le travail de Mme Fiorenza. Son livre, apparu en
1983, avait pris un approche radicale à l'histoire de l'église primitive. Un disciple de Bultmann, Mme Fiorenza a "trouvé" qu'un groupe des premiers chrétiens, y inclut à Corinthe était des adorateurs de la déesse Sophia avec Jésus. D'autres églises, selon elle, étaient sous l'influence de Paul, refusaient les deux divinités. M. Padgett n'a pas adopté l'hypothèse de Mme Fiorenza, mais il trouvait son ouvrage "le plus important" qui aurait apparu pendant l'année 1983 . Il dit que l'apparition de ce travail est "un événement de publication de la première magnitude." Il trouvait aussi que l'ouvrage avait démontré "que les femmes avaient un rôle important dans l'église primitive." Pourtant, il avait remarqué que son auteur avait pris des textes gnostiques du deuxième siècle, et les a mis comme si elles étaient en usage du culte du premier siècle sans la moindre évidence. C'est dans son deuxième article que nous voyons la pensée du pasteur Padgett, sans référence particulière au féminisme. Pour lui, le "féminisme biblique" doit respecter l'autorité biblique. Il analyse l'usage de Paul d'un particule grec "hina" dans le contexte des conseils pour la soumission des femmes. Il conclut que le comportement exigé est toujours fait en fonction des "ennemies" de l'église. Il déduit que ces ennemies seraient surtout les païens qui entouraient les milieux chrétiens. Sa conclusion serait que les conseils de Paul se referaient à la situation culturelle. La situation est différente maintenant. Les non croyants qui entouraient l'église de l'époque de Paul étaient scandalisés par une liberté débordante des femmes. Aujourd'hui, les non croyants seraient scandalisés par la soumission des femmes aux hommes dans l'église. Donc, comme Paul ne voulait que personne soit scandalisé par une chose d'importance secondaire, ce conseil, dans l'esprit de Paul devrait être pris comme contextuel. D'abord, l'article de M. Padgett ne fait pas un effort de tenir compte du fait que les mêmes conseils sont offerts en I Tim 2, et dans notre passage, Paul fait l'effort de rendre ces conclusions générales pour "tout homme en tout lieu." Malheureusement, le pasteur Padgett semble avoir oublié une dimension aussi importante. Pour Paul, les vraies ennemies de l'église sont les puissances spirituelles de Satan et de ses démons. D'une part, nous devons toujours veiller pour respecter la conscience de nos frères et soeurs. D'autre part, nous "luttons" contre les autorités spirituelles. La présence des anges, ou le conflit avec le diable et la tentation est toujours un aspect de la discipline chrétienne. Paul ne voyait donc jamais le monde extérieur comme
étant uniquement humain ni uniquement spirituel. L'église devait toujours tenir en compte les deux dimensions. Je ne vois pas d'auteurs féministes qui cherchent tenir en compte la présence du diable comme menace à l'église. C'est donc pour moi une première difficulté. Nos amis évangéliques s'avouent respecter l'autorité biblique, mais ils ne permettent pas la Bible de déterminer le contexte et les limites de leur travail. Autrement dit, ils opèrent leurs choix philosophiques avant mêmes de consulter la Bible.

Un deuxième exemple serait le style de critique de Dr E. Marget Howe. Mme. Howe est diplômée de l'Université de Manchester, et professeure de religion à Western Kentucky University. Elle a aussi un article, publié en Evangelical Quarterly sous la direction de M. Bruce. Elle prétend, aussi respecter l'autorité biblique, quand elle dit "l'église d'aujourd'hui n'a aucune option autre que de baser son organisation sur les directives canoniques." Cependant, regardons de près son paragraphe précédent. Elle dit En I Tim. 2:13-14, les narratives de la création sont offertes comme le principe directeur derrière la déclaration concernant les femmes. L'église devrait donc continuer cette allégorie en préservant dans sa structure une distinction des rôles entre mâles et femelles. Dans la lumière de ce point de vue, la tâche de l'église devient donc de déterminer dans quels domaines et jusqu'à quelles limites la distinction entre hommes et femmes droit être démontrée. Elle droit aussi s'affronter à l'enseignement biblique que Dieu ne vise pas la distinction sexuelle comme ultime, et que sur le plan spirituel les hommes et le femmes doivent être considérés comme des égaux.(Gal. 3:28).

Je note que Dr Howe, elle aussi, ne semble pas prendre au sérieux l'avertissement de Paul sur la capacité du serpent de tenter la femme. Notons, encore, que Dr Howe traite la Génese non pas comme histoire, mais comme "allégorie". Elle a raisonné: Phoebe est diacre. Les diacres désignés par les apôtres (7 hommes en Actes 6) étaient des diacres. Il paraît que les hommes diacres enseignaient. Les filles de Phillipe prophétisaient. Donc, c'est raisonnable de conclure que les femmes diacres enseignaient. Paul disait en I Corinthiens que l'esprit donne les dons spirituels comme il veut. "Donc, le problème n'est pas résolu en encourageant les femmes de devenir des diacres ou des prophètes, et par un découragement de poursuivre le rôle d'évangéliste, de pasteur, ou de docteur." Moi-même, je ne vois pas la cohérence dans le raisonnement de cet article. Mme Howe démontre clairement qu'il n'y avait pas d'évidence que les femmes avaient pris le rôle de docteur dans l'église, même si Phoebe est appelée diacre. Pourtant, elle suppose que les femmes ont enseigné malgré le manque d'évidence. Elle dit qu'il faut suivre le canon, mais elle ne trouve pas le raisonnement de Paul convaincant. Encore, J. Keir Howard a fait le même genre de dérive. Il analyse précisément nature passage. Il a conclu: "C'est l'implication claire du verset 12 que, malgré le fait que les femmes étaient permis d'avoir une participation audible dans les rassemblements de l'église, elles ne devraient pas aspirer à un rôle de direction, tel que les surintendants d'une congregation locale." Puis, deux paragraphes après, il dit " il n'est pas possible de faire l'argument que ce que faisaient les congrégations du premier siècle devrait lier, ou même être valable, pour toute époque.... Néanmoins, il faut s'adresser au nouveau testament pour les principes directeurs sur lesquels l'ordre et la pratique peuvent être bâtis." Toujours, on constante le même phénomène: "La Bible est infaillible. Il faudrait que la Bible nous guide. Ce texte interdit l'enseignement aux femmes, mais il faut pas l'appliquer." On voit une variation dans les sociétés, mais le monde spirituel n'est pas pris au sérieux.

2. Est-ce que les évangéliques de nos jours continuent d'affirmer l'infaillibilité des Écritures?

Le problème de l'application de la Bible est aussi en fonction du deuxième domaine où l'incohérence est un problème. En effet, un grand nombre de personnes bien renommées sont devenues manifestement inconséquentes entre eux, même dans leurs efforts de se tenir à l'infaillibilité des écritures. Encore, il serait intéressant de noter que, dans l'Evangelical Quarterly, on trouve quelques observations sur ces renommés évangéliques. Dr. Robert Price, qui semble lui-même libérale, a fait une analyse des personnes prétendant de maintenir le principe de "sola scriptura" en 1983. Il a fait une étude des positions de Clark Pinnock, J.I. Packer, Gerald Shepphard, Harold Linsdell, Francis Schaeffer, Gerstner, et autres. Il avait analysé des problèmes logiques dans les propos de l'International Council on Biblical Inerrancy, fondée en 1977, et de la Déclaration de Chicago sur l'Infaillibilité de la Bible. Il démontrait l'équivoque, et même l'écho des positions libérales dans ces propos. Pourtant, c'est intéressant de noter qu'il trouvait Schaeffer parmi les seuls vraiment conséquents. Il dit "Shaeffer n'accepte aucun compromis: la Bible n'a pas d'erreur. Acceptez-la ou rejetter-la." Price démontre qu'à l'exception près de certains théologiens, (dont il me semble la majorité seraient réformés conservateurs), les évangéliques contemporains glissent vers la haute critique libérale. Comme Schaeffer, il me semble que les autres "exceptions" sont toutes des étudiants de l'analyse logique de Van Til sur les effets des présupposés défectifs. En fait, il y a une multiplicité des tendances parmi les "bons" théologiens évangéliques, mais en générale, sans vouloir l'admettre, ils ont tendance à dire que le principe de sola scriptura droit être abandonné pour une "infaillibilité limitée. C'est donc dans cette optique, d'une Bible avec "quelques erreurs" ou une Bible avec une autorité dont la portée se dirige uniquement au salut ou à la morale, que nous trouvons l'inconséquence. Ayant tout le respect et l'affection pour nos frères et sours croyants qui ne sont pas d'accord, il me faut dire que je n'ai pas encore trouvé, parmi les théologiens pro féministes, un écrivain qui est prêt à respecter toutes les données de la Bible dans son analyse. Ni ai-je vu parmi eux une personne prête à dire que la Bible entière reste la Parole de Dieu immuable. D'après tout ce que j'ai pu lire jusqu'à présent, je n'ai jamais vu un théologien qui affirme que les femmes peuvent devenir pasteures ou docteures de l'église sans finalement nier, de fait ou de façon implicite, que la Bible est la Parole de Dieu, et que la Parole apostolique prend son autorité de Jésus lui-même.

Conclusions

Nous avons trouvé que l'apôtre Paul avait écrit ces ordres à Timothée avec l'intention de maintenir et de promouvoir la sainteté de la prière publique parmi leschrétiens. Il avait souligné que la prière a une place centrale dans la vie de l'église, car c'est par la prière que l'église travaille avec Dieu pour l'évangile. La prière pour les autorités auracomme résultat indirect les conditions sociales dans lesquelles l'évangile peut s'épanouir. Pour cela, le comportement d'un croyant avant de se présenter pour la prière, ainsi que le comportement pendant les réunions de prière a une i mportance primordiale. Puisque notre accès à Dieu est dépendant de notre position en tant que descendants d'Adam et Eve, et des personnes rachetées par Jésus-Christ, le culte de l'église devrait en tout temps et en tout lieu se situer dans cette perspective.

Bibliographie

Kuen, Alfred, Introduction au Nouveau Testament. Editions Emmaüs, Saint-Leger, 1989, pp337-358

Guthrie, Donald, The Pastoral Epistles, William B.Eerdmans Publishing Company, Grand Rapids, 1978, p. 77.

Lock, Walter, A Critical and Exegetical Commentary on the Pastoral Epistles, Charles Scribner's Sons, New York, 1924,p.33 Pasteur de San Jacinto United Methodist Church. Cette dénomination admet des femmes pasteurs depuis plusieurs années.

Fiorenza, Elisabeth Schüssler,In Memory of Her:A Feminist Theological Reconstruction of Christian Origens, New York, Crossroad 1983.

Howe, E. Margaret, Women in Church Leadership, Evangelical Quarterly, Vol LI/No. 2, avril-juin 1979, pp 97-104. Howe, op. cit. p. 100 Howe, loc.cit. op. cit. p. 102

Howard, J. Keir, Neither Male nor Female: An Examination of the Status of Women in the New Testament. Evangelical Quarterly. Vol LV/No 1/ January 1983. p. 31-42

Howard, op. cit. p. 41 Price, Robert M. Inerrant the Wind: The Troubled House of
North Americcan Evangelicals. Evangelical Quarterly, vol LV/No 3/ juillet 1983.
pp129- 144.

The Chicago Statement on Biblical Inerrancy. Price, op. cit. p. 132.  se situer dans cette perspective.
 
 
 
 
 


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