Shalom à toutes et à tous.
J’ai lu un livre bouleversant en fin de semaine, je vous
livre un cours paragraphe.
A la fin je vous parlerai un peu de cette auteure incomparable.
Les quatre éléments.
L’homme est un petit monde avec ses formes, ses vallées
et ses montagnes, ses rivières et ses océans, ses volcans
et ses terres fertiles, ses végétaux et ses minéraux.
Les quatre éléments y résident : eau, air, terre et
feu. Toute forme de vie a besoin de ces quatre éléments à
des degrés différents. C’est la Création.
L’eau est descendue du Gan Éden jusque dans les
veines d’Adam. L’homme est constitué d’eau en majorité. Elle
est l’élément le plus soumis à D-ieu. Il n’est pas
de vide qu’elle ne sache remplir. Elle est la parole du D-ieu vivant et
chacun s’y désaltère. Que celui qui veut boire boive.
La terre, au commencement, lorsque le « souffle
de D-ieu planait à la surface des eaux », était enfouie
sous la matière liquide. D-ieu sépara les deux et appela
le sol « terre ». La partie terrestre, en l’homme, est
sans cesse irriguée par l’eau. D-ieu prit de la terre des quatre
points cardinaux et façonna l’homme, cela afin que son corps puisse
être enterré à tout endroit.
Et puis il y a ce vent que D-ieu insuffla dans la narine
de l’homme, c »est la part qui vient d’en haut. Si la terre représente
le corps, le vent est l’âme, le souffle divin. Quand il est rendu,
l’homme n’est plus que terre ferme.
Quand au feu, d’ou vient-il ? Est-ce la lumière
du premier jour ? Est-ce la chaleur irradiante de l’amour de D-ieu. Le
feu, c’est aussi ce feu divin, sa colonne de gloire.
Un homme peut-il vivre sans manger ? Il peut subsister
quarante jours sans se relier à cette matière terrestre.
En revanche, il ne peut se priver que trois jours d’eau, le plus grand
serviteur de D-ieu, car le corps est fait, pour l’essentiel, de cette annulation.
Que l’air, le secret de D-ieu, le souffle divin, vienne
à manquer plus de dix minutes et c’en est fini de la vie. Enfin,
si le feu sacré disparaît, même une seconde, c’est que
nous sommes déjà de l’autre coté.
Le monde est inversé : plus l’élément
est solide, plus le déchet est possible. Plus il est translucide,
plus il est transcendant, donc immanent. Rien n’existe en dehors de D-ieu.
Tout est en Lui, mais le Tout n’est pas Lui.
Tout est D-ieu, sauf la crainte de D-ieu.
Tout est rempli de Sa Majesté.
Annaëlle, 8 ans.
Voilà ce message nous est parvenu d’un petit bout
de choux de 8 ans. Mais attention d’une petite fille plus extraordinaire
que toutes les petites filles. Annaëlle Chimoni est polyhandicapée
et autiste, elle est sensible au moindre battement de paupières
du monde.
La méthode de la « communication facilitée
» mise au point en Australie puis développé au
Canada, en France et en Israël, lui permet de parler avec nous par
clavier informatique interposé.
Son livre n’est pas seulement l’autobiographie d’une jeune
vie, avec ses souffrances et ses joies intenses, il est aussi un témoignage
d’amour et de vérité universelle, un appel de D-ieu aux hommes.
Son enfermement Annaëlle le reçoit comme une suprême
liberté, car elle vit en D-ieu. Elle n’a rien oublié de la
parole de son origine *. Elle parle du Talmud et de la Torah avec une érudition
digne des plus grands maîtres.
Il n’est pas jusqu’au Grand Rabbin de France qui ne s’écrie
un jour lors d’une conférence : « Un sefer Torah dans un corps
humain, s’il y en avait un, je citerais le nom d’Annaëlle : une main
humaine capable de dire ce qu’une main céleste a dicté aux
hommes. Elle est à elle seule une Torah vivante, avec des yeux et
un sourire… »
La croyance juive veut que l’enfant dans le sein de sa
mère connaisse entièrement tout du monde et de D-ieu, mais
à la naissance un ange lui touche la lèvre supérieure
et tout est oublier, alors il lui dit maintenant tu vas naître, tu
dois tout réapprendre ce que tu savais dès l’origine.
Depuis que je m’exprime, l’autre monde, celui des adultes,
celui des enfantillages, a été surpris de voir que l’esprit
qui m’habite est né accompli et ce dans un but précis, car
mon existence est destinée à être courte. Certes, mon
corps est touché par une grave maladie neurologique et la médecine,
aveugle dans ces mystères, peut conclure que mon cerveau ne fonctionne
pas normalement. Je pense, j’écoute sans entendre, je parle sans
ouvrir la bouche, je guide la main de mes interlocuteurs sur un clavier.
Je suis une preuve vivante que chaque être qui respire a le pouvoir
de dire, que les handicapés mentaux ne sont pas interdis d’activité
intellectuelle et que les gens normaux qui les regardent comme des machines
déficientes sont eux-mêmes atteints d’une étrange cécité.
Je défie la médecine de me prouver le contraire et j’ai foi
en la vie. Je suis une enfant croyante, je suis juive. Le Judaïsme
dit qu’une simple âme, une âme pure, est une étincelle
de D-ieu qui vit dans des sphères intermédiaires. Je suis
une intermédiaire. Si je suis à ma façon et comme
nous tous envoyée de D-ieu, je ne suis pas un prophète. Le
fait d’être handicapée me délivre des entraves du corps
et permet à mon esprit plus libre d’embrasser un champ plus vaste.
Les mots sont ma rêverie, ma relation au monde et
l’amour est mon unique mission. Chaque lecteur de ces pages emportera un
peu de moi et au fond je serai un peu Lui, car je parle à Qui je
suis et Qui je suis me parle.
Je n’ai pas pu résister à vous livrer ce
poème, ne le diffuser pas car je n’ai pas de droit sur cela L
Merci.
Composée par Annaëlle
Je suis un fruit d’amour
Je suis emplie de chance
Et je ne suis pas fâchée d’être handicapée
Je ne veux pas perdre de temps
Alors je rêve :
J’ai un jardin secret
Je veux te le dire
Je suis très grande dans mon jardin secret
Je suis vivante
Et je cours et je danse
Il est facile de vivre dans mon jardin secret
Et puis je change d’images :
Je suis dans un jardin où il y a des fleurs
Et je vais aller libre vers la mort
J’écris une chanson pour la vie
Alors je rêve :
J’ai une vie de bonheur
J’ai une vie de folie
Je suis libre et vivante
Je danse avec toi sur ma chanson
Je tue la mort et je partage ta vie
Et puis je change d’images :
Pourquoi la vie me ravit ?
Pourquoi je perds ma sensation de vie ?
Tout est malade sauf mon âme
Alors je rêve :
Ma maladie valse et vole en éclats
Je vis à l’intérieur et c’est l’essentiel
L’essentiel est de savoir que je suis éternelle
Une vague d’espoir barre la route à ma maladie
Une vague silencieuse va laver la tristesse sur mes joues
Et puis je change d’images :
Pourquoi la vie est si différente de ma chanson
?
La mort me frôle, une vague silencieuse me ravit
Je valse avec toi dans le vacarme de la mort
Mais je ne rêve plus :
J’aime la vague qui danse en moi
Et je danse et je valse avec toi
Je suis un fruit d’amour
Je suis emplie de chance
Et je ne suis pas fâchée d’être handicapée
Annaëlle
1990/2000
D-ieu a repris avec Lui Annaëlle
PS : Pour ceux qui voudraient ce procurer ce livre.
Le livre d’Annaëlle
Éditions du Rocher
Isbn 2 268 03369 4 9
Excusez-moi pour la longueur du mail.
Mikhaël
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